Entorse de l’interligne de Chopart

Par
  • Pr Catherine CYTEVAL

Date de publication : 27 novembre 2012 | Mis à jour le 23 mai 2016

Compte rendu

Diagnostic

Entorse de l’interligne de Chopart

Anamnèse

Une patiente de  70 ans consulte pour entorse de la cheville avec impotence fonctionnelle totale; la patiente est incapable de faire deux pas.

La douleur prédomine en regard du dos du pied.

Résultats

Radiographie :
Suspiscion de trait de fracture au niveau du processus médial du talus

TDM :
Confirmation d'un trait de fracture talien dont le mécanisme lésionnel est un arrachement osseux ligamentaire: équivalent d'entorse du Spring ligament.
Présence d'un trait de fracture sur le rostre calcanéen et l'os naviculaire dont le mécanisme lésionnel est un arrachement osseux: équivalent d'entorse du ligament bifurqué.
Présence également d'arrachements osseux équivalent d'entorse du ligament cervical (talo-calcanéen) et équivalent d'entorse du ligament talo-naviculaire.
Présence d'une ossification du tendon du long fibulaire et d'une ossification du spring ligament, banales.

L'ensemble de ces éléments s'intègre dans le cadre d' une entorse du Chopart associée à une entorse de l'articulation sous-talienne.

Discussion

Démarche diagnostique ; critères d’Ottawa

Dans le cadre d’une entorse de cheville les clichés radiologiques doivent être prescrits si la patiente présente les critères d’Ottawa ; il s’agit de l’existence de deux éléments cliniques qui rendent obligatoires la prescription de clichés radiologiques :

  • impossibilité d’effectuer deux pas complets en appui tout de suite après le traumatisme ou au cours de la première consultation.
  • douleur élective à la pression de certains reliefs osseux.

Le bilan radiologique doit comporter idéalement trois clichés qui permettent de dépister les principales lésions osseuses associées ou mimant une entorse du ligament collatéral latéral :

  • Un cliché de cheville de profil
  • Un cliché de cheville de 3 /4 médial
  • Un cliché de ¾ du pied

Le cliché de profil permet d’analyser l’interligne talo-crural, la base du Vème métatarsien et le calcanéus. Il faut aussi rechercher une avulsion osseuse en regard de l’interligne talo-naviculaire témoin d’un équivalent d’entorse du ligament talo-naviculaire et analyser le rostre du calcanéus qui est toutefois mieux dégagé sur les clichés de ¾ du pied.

Le cliché de ¾ médial permet de mieux dégager le dôme latéral du talus que le classique cliché de face, siège des lésions traumatiques du talus. La tête de la fibula est elle-même mieux analysée. Il faut aussi rechercher une fracture du processus latéral du talus, beaucoup plus fréquente que la fracture du processus médial de la patiente (ici équivalent d’entorse du Spring ligament)

Le cliché de ¾ du pied permet de bien visualiser l’interligne de Lisfranc, la base du Vème métatarsien et le rostre du calcanéus, souvent siège d’arrachement osseux dans les entorses de l’interligne de Chopart comme c’est le cas de notre patiente.

Entorse de l’interligne de Chopart

Les entorses de l’interligne de Chopart passent souvent inaperçues sur les clichés standard car les fractures sont souvent masquées par des superpositions osseuses et les fragments détachés de petite taille ; il s’agit d’arrachements osseux au niveau des zones d’insertion des principaux ligaments de l’interligne, équivalent d’entorse de ces ligaments.
L’interligne de Chopart correspond à la séparation entre l’arrière pied et l’avant pied. Il comprend les articulations calcanéo-cuboidienne en bas et en médial et talo-naviculaire en haut et en latéral.

Les trois principaux ligaments qui renforcent cet interligne sont le Spring ligament, le ligament talo-naviculaire et le ligament bifurqué ; les ligaments calcanéo-cuboidiens dorsal et inférieur sont moins importants sur le plan de la stabilité et de la pathologie.

Le Spring ligament est le plus volumineux ligament ; il possède deux faisceaux se terminant tous deux sur la face postéro-médiale et inférieure de l’os naviculaire.
Un faisceau superficiel prend son origine sur la face médiale du talus, lieu de l’arrachement osseux dans le cas présent, un faisceau profond qui s’insère sur le sustentaculum tali. Il est bien visualisé sur les coupes axiales mais aussi en sagittal.
Le ligament talo-naviculaire est tendu du col du talus à la face supérieure de l’os naviculaire, il est bien visualisé sur les coupes sagittales.
Le ligament bifurqué est composé de deux faisceau tendus du rostre du calcanéus vers les bords postérieur des os naviculaire et cuboïde, bien visible sous la forme d’un Y en coupes axiales.