Synostose calcanéo-naviculaire

Par
  • Pr Catherine CYTEVAL

Date de publication : 27 novembre 2012 | Mis à jour le 23 mai 2016

Compte rendu

Diagnostic

Synostose calcanéo-naviculaire

Anamnèse

Une patiente de 56 ans consulte pour douleurs résiduelles à six mois d'une entorse de cheville.

Résultats

Intégrité des trois faisceaux du ligament collatéral latéral.
Synchondrose calcanéo-naviculaire.
Elargissement de l’interligne talo-naviculaire et enthésophytes talo-naviculaire secondaires à la synchondrose (microdégénératif).
Fracture de la queue du talus avec pseudarthrose.
Chondropathie talo-crurale postérieure
Séquelles d’entorse du ligament collatéral médial calcifiées

L'ensemble de ces éléments s'intègre dans le cadre d'une synostose calcanéo-naviculaire évoluée avec arthropathie dégénérative et séquelles d'entorses.

Discussion

Synostose calcanéo-naviculaire

Il s’agit d’une synostose calcanéo-naviculaire évoluée typique.
L’anomalie est congénitale, souvent bilatérale (50%), à transmission autosomique dominante, avec pénétrance élevée.
L’hypothèse est une anomalie de segmentation du mésenchyme avec persistance d’une communication entre deux os aboutissant à une fusion qui peut être osseuse (synostose vraie), cartilagineuse (synchondrose) ou fibreuse (synfibrose).
Il s’agit donc ici d’une synchondrose ou d’une synfibrose. L’IRM pourrait faire la part des choses entre les deux entités (en cas de pont cartilagineux, la solution de continuité est en hyposignal T1, en hypersignal T2, en cas de pont fibreux elle est en hyposignal T1 et T2), mais la différence n’est pas importante à préciser.
La prévalence de la maladie est difficile à apprécier (1% de la population).
L’articulation la plus souvent en cause est la calcanéo-naviculaire. On retrouve à fréquence à peu près égale une atteinte de la talo-calcanéenne.

Le tableau clinique est variable en fonction de l’articulation atteinte et de la sévérité de la fusion osseuse. L’age de découverte est de 3 à 5 ans pour les synostoses calcanéo-naviculaires, 8 à 12 ans pur les synostoses talo-calcanéennes avec pour les deux entités un aspect de pied plat statique contracturé avec spasmes des tendons fibulaires. En cas de synchondrose ou de synfibrose les manifestations cliniques sont beaucoup plus tardives et font errer le diagnostic : douleur chronique du pied, entorses à répétition, formes révélées par les manifestations arthrosiques tardives ou formes asymptomatiques.

Le diagnostic TDM est facile en cas de synostose vraie avec communication d’os cortical et spongieux entre les deux os. En cas de synchondrose ou de synfibrose l’aspect est caractéritique avec une hypertrophie, une irrégularité et une condensation des berges articulaires (aspect de pseudarthrose sans fracture).

Démarche diagnostique

Les signes associés visibles dans ce dossier découlent des complications de la fusion calcanéo naviculaire et ne doivent pas faire évoquer des lésions dégénératives post-traumatiques, mais plutôt faire rechercher une synostose :
Enthésophytose dorsale talo-naviculaire : la rigidité de l’articulation calcanéo-naviculaire provoque un dysfonctionnement de l’articulation talo-naviculaire ; lors des mouvements de la cheville, l’os naviculaire ne va plus suivre le talus mais venir s’y impacter lors des mouvements de flexion dorsale, responsable de microtraumatismes, lors des mouvements d’extension dorsale il s’exerce une traction du ligament talo-naviculaire et de la capsule responsable de la formation d’enthésophytes qu’il ne faut pas confondre avec des séquelles d’entorse talo-naviculaire.

Entorses de l’articulation talo-crurale : la perte de mobilité frontale de l’articulation talo-crurale se répercute sur les ligaments avec entorses à répétition et hyperlaxité ligamentaire. A l’extrême il existe souvent une fracture de la malléole médiale pseudarthrosée. 
Ici on retrouve un syndrome du carrefour postérieur secondaire à une fracture pseudarthrosée de la queue du talus.

Chondropathie talo-crurale : c’est l’évolution classique de la maladie en absence de traitement : la patiente n’a pour l’instant qu’une atteinte focale postérieure.

La calcification du spring ligament est dans ce cas une variante de la normale.